La colère. Une colère qui ne me quitte plus. J'ai ce truc en moi, qui m'empêche d'être bien. Pour palier à ça, je m'éteins, je deviens blasé. Je passe de véner à "je m'en fous". Je suis là, mais je ne suis pas là. Alors on ne me reconnait plus. "Ca change tellement de d'habitude". Je sais, mais là, il faut que t'arrêtes de me parler de mon état, parce que j'ai la larme à l'oeil, pour aucune raison, et je ne veux pas pleurer devant toi. Je veux que nos rapports restent en mode amis tout en légèreté. Changement de sujet, et puis fuite. Et puis toi là, qui me dis : "Tu vas pas bien et puis tu dis rien ?" T'as qu'à ouvrir tes yeux meuf. Et puis parler du fait que je vais mal risque de ne pas m'arranger. Je vais bien quand on me change les idées. Quand on me chante Aux Champs Elysées très mal mais avec passion, quand je me plonge dans la fiction, quand j'arrive à bosser. Mais je n'arrive pas. Je viens de passer deux heures à regarder toutes sorte de sites, plus ou moins intelligents, plus ou moins intéressants, et je suis actuellement dans la merde pour demain. J'aime pas du tout quand je commence à ne pas être professionnelle.
C'est le moment où on me dit :"mais pourquoi ?", "ya une raison particulière ?" Et bah non. Faut des raisons pour aller mal ? Moi j'en ai pas.
... et là, je suppose que le "être professionnelle" sauve, en nous imposant des objectifs et en nous détournant du mal-être qui s'est insinué au dedans de nous. L'espèce de jeûne d'Internet auquel m'oblige en ce moment voyage et le dépaysement imposé, manque de connexion, disparité d'horaires et découverte d'un nouvel "autrui" et un certain abandon du blogging me font grand bien. Je ne suis pas persuadée que l'homme soit "naturellement" heureux, en voyant les malheurs du monde humain (amplifiés par les médias) L'objectivation hors de soi qu'impose une tâche à accomplir permet d'oublier cet impact en soi du monde. Certains jours, j'aimerais être dentellière ou "horlogère" : la minutie du travail m'imposerait de m'abstraire de moi-même...